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Zadounaïsky
Ainsi, tous les arts dans tout ce qu' ils ont de vraiment artificiel, ne sont que des choses imaginaires, des êtres feints, copiés et imités d' après les véritables. C' est pour cela qu' on met sans cesse l' art en opposition avec la nature : qu' on n' entend par-tout que ce cri, que c' est la nature qu' il faut imiter : que l' art est parfait quand il la représente parfaitement : enfin que les chefs-d' oeuvres de l' art, sont ceux qui imitent si bien la nature, qu' on les prend pour la nature elle-même. Et cette imitation pour laquelle nous avons tous une disposition si naturelle, puisque c' est l' exemple qui instruit et qui régle le genre-humain, vivimus ad exempla, cette imitation, dis-je, est une des principales sources du plaisir que causent les arts. L' esprit s' exerce dans la comparaison du modéle avec le portrait ; et le jugement qu' il en porte, fait sur lui une impression d' autant plus agréable, qu' elle lui est un témoignage de sa pénétration et de son intelligence. Cette doctrine n' est point nouvelle.
On la trouve par-tout chez les anciens. Aristote commence sa poëtique par ce principe : que la musique, la danse, la poësie, la peinture, sont des arts imitateurs. C' est-là que se rapportent toutes les régles de sa poëtique. Selon Platon pour être poëte il ne suffit pas de raconter, il faut feindre et créer l' action qu' on raconte. Et dans sa république, il condamne la poësie ; parce qu' étant essentiellement une imitation, les objets qu' elle imite peuvent intéresser les moeurs. Horace a le même principe dans son art poëtique : si fautoris eges aulaea manentis... aetatis cujusque notandi sunt tibi mores, mobilibusque decor maturis dandus et annis. pourquoi observer les moeurs, les étudier ? N' est-ce pas à dessein de les copier ? respicere exemplar morum vitaeque jubebo doctum imitatorem , et vivas hinc ducere voces. vivas voces ducere, c' est ce que nous appellons peindre d' après nature. Et tout n' est-il pas dit dans ce seul mot : ex noto fictum carmen sequar . Je feindrai, j' imaginerai d' après ce qui est connu des hommes. On y sera trompé, on croira voir la nature elle-même, et qu' il n' est rien de si aisé que de la peindre de cette sorte : mais ce sera une fiction, un ouvrage de génie, au-dessus des forces de tout esprit médiocre, sudet multùm frustràque laboret . Les termes mêmes dont les anciens se sont servis en parlant de poësie, prouvent qu' ils la regardoient comme une imitation : les grecs disoient (...). Les latins traduisoient le premier terme par facere ; les bons auteurs disent facere poema , c' est-à-dire, forger, fabriquer, créer : et le second ils l' ont rendu, tantôt par singere , et tantôt par imitari , qui signifie autant une imitation artificielle, telle qu' elle est dans les arts, qu' une imitation réelle et morale, telle qu' elle est dans la société. Mais comme la signification de ces mots a été dans la suite des tems étendue, détournée, resserrée ; elle a donné lieu à des méprises, et répandu de l' obscurité sur des principes qui étoient clairs par eux-mêmes, dans les premiers auteurs qui les ont établis. On a entendu par fiction , les fables qui font intervenir le ministere des dieux, et les font agir dans une action ; parce que cette partie de la fiction est la plus noble. Par imitation , on a entendu non une copie artificielle de la nature, qui consiste précisément à la réprésenter, à la contrefaire, (...) ; mais toutes sortes d' imitations en général. De sorte que ces termes, n' ayant plus la même signification qu' autrefois, ont cessé d' être propres à caractériser la poësie, et ont rendu le langage des anciens inintelligible à la plûpart des lecteurs. De tout ce que nous venons de dire, il résulte, que la poësie ne subsiste que par l' imitation. Il en est de même de la peinture, de la danse, de la musique : rien n' est réel dans leurs ouvrages : tout y est imaginé, feint, copié, artificiel. C' est ce qui fait leur caractere essentiel par opposition à la nature.
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