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Nicolas Zadounaïsky

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NICO, Nicolas ZADOUNAISKY

Très-saint-père, l' hommage que je fais aux pieds de votre sainteté semble ne s' accorder pas bien avec les maximes du livre que je lui présente. Lui offrir cette traduction, c' est la juger digne de lui être offerte ; et bien loin de pratiquer cette humilité parfaite et ce profond mépris de soi-même que son original nous recommande incessamment, c' est montrer une ambition démesurée, et une opinion extra- ordinaire des productions de mon esprit. Mais il est hors de doute que ce même hommage, qui ne peut passer que pour une témérité signalée tant qu' on arrêtera les yeux sur moi, ne paroîtra plus qu' une action de justice, sitôt qu' on les élèvera jusqu' à votre sainteté. Rien n' est plus juste que de mettre l' imitation de Jésus-Christ sous l protection de son vicaire en terre, et de son plus grand imitateur parmi les hommes ; rien n' est plus juste que de dédier les sublimes idées de la perfection chrétienne au père commun des chrétiens, qui les exprime toutes en sa personne ; et si je croyois avoir égalé ce grand dévot que j' ai fait parler en vers, je dirois que rien n' appartien plus justement à votre sainteté que ce portrait achevé d' elle-même, et qu' à jeter l' oeil, d' un côté sur les hautes leçons qu' il nous fait, et de l' autre sur les miracles con- tinuels de votre vie, on ne voit que la même chose. J' ajouterai, très-saint-père, que rien n' est si puissant pour convaincre le lecteur que de lui donner en même temps le précepte et l' exemple. Soit que mon auteur nous invite à la retraite intérieure, soit qu' il nous exhorte à l simplicité des moeurs, soit qu' il nous instruise de ce que nous devons au prochain, soit qu' il nous pousse au déta- chement de la chair et du sang, soit qu' il nous apprenne à déraciner l' amour-propre par une abnégation sincère de nous-mêmes, soit qu' il tâche à nous faire goûter les saintes douceurs de la souffrance en nous expliquant ses priviléges, soit qu' il s' efforce à nous porter jusque dans le sein de Dieu, pour nous unir étroitement avec lui par une amoureuse acceptation de toutes ses volontés et une assidue recherche de sa gloire en toutes choses : quoi qu' il nous ordonne, quoi qu' il nous conseille, mettre le nom de votre sainteté à la tête de ses enseignements, c' est ne laisser d' excuse à personne, et faire voir que toutes ces vertus n' ont rien d' incompatible avec les gran- deurs, avec l' abondance et avec les soins de toute la terre. Ces raisons sont fortes, mais elles ne l' étoient pas assez pour l' emporter sur la connoissance de mon peu de mérite ; et le moindre retour que je faisois sur moi-même dissipoit toute la hardiesse qu' elles m' a- voient inspirée, sitôt que j' envisageois cette inconcevable disproportion de mon néant à la première dignité du monde. J' avois toutefois assez de courage pour ne des- cendre que d' un degré, et ne choisir pas un moindre protecteur que celui à qui je dois mes premiers respects dans l' église après le saint-siége : je parle de monsieur l' archevêque de Rouen, dans le diocèse duquel Dieu m' a donné la naissance et arrêté ma fortune. Cet ouvrage a com- mencé avec son pontificat ; et comme ce prélat a des ta- lents merveilleux pour remplir toutes les fonctions d' un grand pasteur, et une ardeur infatigable de s' en acquit- ter, les plus belles lumières qui m' ayent servi à l' exécu- tion de cette entreprise, je les dois toutes aux vives clartés des instructions éloquentes et solides qu' il ne se lasse point de donner à son troupeau, ou aux rayons se- crets et pénétrants que sa conversation familière répand à toute heure sur ceux qui ont le bonheur de l' approcher. Je lui ai donc voulu faire, non pas tant un présent de mon travail qu' une restitution de son propre bien ; mais la bonté qu' il a pour moi l' a préoccupé jusques à lui per- suader que cet effort de ma plume pouvant être utile à tous les chrétiens, il lui falloit un protecteur dont le pouvoir s' étendît sur toute l' église ; et l' ayant regardé comme le premier fruit qu' il aye recueilli des muses chrétiennes depuis qu' il occupe la chaire de Saint Ro- main, il a cru que l' offrir à votre sainteté, c' étoit lui offrir en quelque sorte les prémices de son diocèse.

NICO, Nicolas ZADOUNAISKY

Ses commandements ont fait taire cette juste défiance que j' avois de ma foiblesse ; et ce qui n' étoit sans eux qu' un effet d' une insupportable présomption, est devenu un devoir indispensable pour moi sitôt que je les ai reçus. Oserai-je avouer à votre sainteté qu' ils m' ont fait une douce violence, et que j' ai été ravi de pouvoir prendre cette occasion d' applaudir à nos muses, et de vous re- mercier pour elles des moments que vous avez autrefois ménagés en leur faveur parmi les occupations illustres où vous attachoient les importantes négociations que les souverains pontifes vos prédécesseurs avoient confiées à votre prudence ? Elles en reçoivent ce témoignage écla- tant et cette preuve invincible, que non-seulement elles sont capables des vertus les plus éminentes et des em- plois les plus hauts, mais qu' elles y disposent même et conduisent l' esprit qui les cultive, quand il en sait faire un bon usage. C' est une vérité qui brille partout dans ce précieux recueil de vers latins, où vous n' avez point voulu d' autre nom que celui d' ami des muses , et que ce p5 grand prélat a pris plaisir de me faire voir des premiers. Il me l' a fait lire, il me l' a fait admirer avec lui, et pou vous rendre justice partout durant cette lecture, je ne faisois que répéter les éloges que chaque vers tiroit de sa bouche. Mais entre tant de choses excellentes, rien ne fit alors et ne fait encore tous les jours une si forte im- pression sur mon âme, que ces rares pensées de la mort que vous y avez semées si abondamment. Elles me plon- gèrent dans une réflexion sérieuse qu' il falloit compa- roître devant Dieu, et lui rendre compte du talent dont il m' avoit favorisé. Je considérai ensuite que ce n' étoit pas assez de l' avoir si heureusement réduit à purger notre théâtre des ordures que les premiers siècles y avoient comme incorporées, et des licences que les der- niers y avoient souffertes ; qu' il ne me devoit pas suffire d' y avoir fait régner en leur place les vertus morales et politiques, et quelques-unes même des chrétiennes, qu' il falloit porter ma reconnoissance plus loin, et appliquer toute l' ardeur du génie à quelque nouvel essai de ses forces qui n' eût point d' autre but que le service de ce grand maître et l' utilité du prochain. C' est ce qui m' a fait choisir la traduction de cette sainte morale, qui par la simplicité de son style ferme la porte aux plus beaux p6 ornements de la poésie, et bien loin d' augmenter ma réputation, semble sacrifier à la gloire du souverain au- teur tout ce que j' en ai pu acquérir en ce genre d' écrire. Après avoir ressenti des effets si avantageux de cette obligation générale que toutes les muses ont à votre sainteté, je serois le plus ingrat de tous les hommes, si je ne lui consacrois un ouvrage dont elle a été la première cause. Ma conscience m' en feroit à tous moments des reproches d' autant plus sensibles que je vis dans une province qui n' a point attendu à vous aimer et à vous honorer qu' elle fût obligée d' obéir à votre sain- teté, et où votre nom a été en vénération singulière avant même que vous eussiez quitté celui de ghisi pour être Alexandre Vii. Leurs altesses de Longueville ont si bien fait passer dans toutes les âmes de leur gouvernement ces dignes sentiments d' affection et d' estime qu' elles ont rapportés de Munster pour votre personne, que tant qu' a duré le dernier conclave, nous n' avons demandé que vous à Dieu. Je n' ose dire que nos prières ayent attiré les inspirations du Saint-Esprit sur le sacré col- lége ; mais il est certain que du moins elles ont été au- devant d' elles, et que l' exaltation de votre sainteté a été la joie particulière de tous nos coeurs, avant que les ordre du roi en ayent fait l' allégresse publique de toute la France. Nous continuons et redoublons maintenant ces mêmes voeux, pour obtenir de cette bonté inépuisable p7 qu' elle nous laisse jouir longtemps de la grâce qu' elle nous a accordée, et que vous puissiez achever ce grand oeuvre de la paix, à qui vous avez déjà donné tant de soins et tant de veilles. Nous espérons qu' elle vous aura ré- servé ce miracle, que nous attendons avec tant d' impa- tience ; et je ne serai désavoué de personne quand je dirai que ce sont les plus passionnés souhaits de tous les véritables chrétiens que porte aux pieds de votre sainteté, très-saint-père, son très-humble, très-obéissant et très-fidèle serviteur et fils en Jésus-Christ, P Corneille.

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